2012/05/16

A mon ami Malik parti vers Albireo

C’est une nuit sans nuages, sans Lune ! Vite sortir, lever les yeux.
Regarder, attentivement, longtemps, reconnaître,
Contempler, silencieusement, parce que c’est Beau…

Ce n’est pas en nous, c’est au dehors, c’est loin !
Mais cela se laisse regarder, à l’œil nu, aux jumelles, à l’oculaire,
Cela ne s’approche pas, ou si peu !
Cela fuit-il ? comme les nuages qui sont partis ou le vent qui passe ?

Ouvrir grand les yeux, les écarquiller, nus ou
derrière ces drôles de tuyaux, ces grands capteurs de lumière…
Combien c’est loin ! Ami peux-tu imaginer ?
myriades, millions, milliards ?

Est-ce comme chez nous ? Comme autour de notre soleil ?
Non… c’est double ! triple ! ce sont des amas ! des nébuleuses

Pourquoi n’entendons-nous rien ?
Seulement nos compagnons de nuits si proches, oiseaux, grillons…
Ah ! là-bas un avion, et là un satellite ! Ils traversent le ciel !
Il y a des humains là-haut, des êtres avec qui on peut communiquer…

Vite rentrer chez soi, saisir le téléphone, se brancher sur internet
Et écouter des paroles ou des bruits familiers, paroles amies, bruits humains…

Non ! rester là, seul…
Ou avec cet ami qui sait se taire aussi les yeux ouverts et encore contempler…
N’est-ce pas « sidérant » ? Pourquoi est-ce si beau, si grand ?

Que crois-tu mon ami ? y a-t-il d’autres mondes ? sont-ils comme le nôtre ?
Cette immobilité là-haut, n’est-ce qu’une illusion ?
due à notre si petite échelle dans le temps et l’espace ?
Là-haut tout nait-il, vit-il et meurt-il comme ici notre vie ?

Nommer, compter, mesurer, conjecturer, discuter les théories
cela nous aide-t-il à comprendre
nous qui ne sommes que poussières d’étoiles ?
nous qui sommes projetés dans ce vaste monde…
ou alors, serions-nous les Projets du Monde ?

Qu’est ce l’Homme pour qu’Il en ait le souci ?
« à peine le fit-Il moindre qu’un dieu ! » dit le Psalmiste (Ps 8).

Et nous quel souci avons-nous du Monde ? de la Vie ?
    de nos enfants, de nos frères d’ici et d’ailleurs ?
Le vaste Univers.. ne commence-t-il pas.. dans notre jardin ?
ce jardin qu’il faut cultiver, comme Candide finit par comprendre.
Notre travail ne commence-t-il pas par la Terre ?
et n’y finit-il pas ?

« Le ciel est mon jardin » disait l’astronome Paul Couteau.
Mais toi, Malik, tu es d’abord jardinier,
    d' abord les pieds sur terre et les mains sur tes outils,
    tu réfléchis mieux ainsi, devant ton ouvrage,
    tu prends le temps de vraiment observer, sentir, noter, dessiner, essayer
    après seulement discuter, pinailler et y revenir.

Tu m’as prêté ta dernière lecture en astronomie,
« Le théorème du jardin » de l’astrophysicien Christian Magnan,
il explique que nos pensées sont, nécessairement,
    à la mesure du jardin ou du champ de nos expériences
qu’elles ne peuvent pas progresser si notre jardin est trop petit
    ou pas assez méthodiquement cultivé.

Va-et-vient, de la pratique attentive à l’interprétation prudente,
    en passant par la méditation, la contemplation
    de la Terre, la Vie, du Cosmos.

« La poésie est sans réponse –
    océan sans fin
    elle se noie
    dans un coquillage » (Anise Koltz)

Ô Terre maternelle, Ô Cieux de nos pères,
Ô Créateur que les hommes ne savent pas nommer,
    Merci de nous avoir donné Malik !
    Prenez soin de lui
        Et de nous, désormais privés de lui.